Depuis juin 2013, le Grand Cercle (qui réunit l'historique Cercle Rive Droite et le Cercle Rive Gauche) présente près de 200 crus du bordelais. C'est une vitrine du vin de la région qui a une double exigence de qualité et de prix maîtrisés. Sélection rigoureuse et grande représentativité des appellations en font une référence incontournable. Le Grand Cercle présentait ses Primeurs dans le Palais de la Bourse, sur les Quais de Bordeaux. Exclusivement axée sur le 2013 (pas de millésime antérieur, sauf au "bar" du buffet), c'était une manifestation qui permettait de se faire une idée précise de ce millésime compliqué et hétérogène.
Tout déguster relevait de l'héroïsme, voire de la folie, mais voici quelques impressions laissées par ce grand rassemblement.
Pour être tout à fait honnête, la dégustation en primeur est un exercice qui me semble compliqué et peut-être biaisé parfois. Il y a quelques années, je me souviens de dégustations où les rouges de l'année étaient extrêmement tanniques, durs et où l'anticipation du devenir des vins me semblait l'affaire de techniciens bien plus experts que moi. Depuis, les vins que l'on goûte en primeur sont de plus en plus charmeurs, ronds, presque prêts à boire. Alors, effet millésime ou échantillonnage de circonstance ? Difficile à dire. Certaines voix commencent à remettre en cause la pertinence de ce grand événement bordelais si déterminant pour le marché. En tant que dégustateur, quand tant de spécialistes vont distribuer des notes définitives, je revendique mon incertitude et préfère de loin déguster les vins terminés, embouteillés et livrables.
Toutefois, je ne nie pas l'intérêt de l'exercice. Au Palais de la Bourse, nous nous sommes concentrés sur la région des Graves et des Pessac-Léognan. Encore une fois, les différents choix en terme d'élevage et, en amont, la qualité de la vendange sont des éléments qui font la différence dans le résultat final.
Dans les Graves, j'apprécie le Château Crabitey qui paraît bien équilibré. A côté, le Château Haut Selve semble très brut de cuve, et du coup assez authentique pour un Primeur.
Sur Pessac-Léognan, les différences de style sont évidentes : élevage très marqué sur le Château Seguin, grillé, vanillé mais la matière me paraît légère pour espérer l'équilibre. Château le Sartre offre un nez plus fin, il est mieux balancé et les tannins semblent prometteurs. Les Vignobles Lurton proposent des vins qui se dégustent déjà fort bien dans des styles un peu différents. Rochemorin est très rond, souple, vanillé, un peu l'archétype du Bordeaux boisé. Je lui préfère Couhins-Lurton, 100% Merlot avec des notes de café, de moka et de cerise : très séduisant, avec une forte sensation de sucrosité. Haut-Lagrange affirme son style et le millésime lui va bien : très authentique, sur le fruit et le bourgeon de cassis avec une belle fraîcheur. Je découvre le Château Haut-Bacalan, de Pessac, qui me fait une très bonne impression. Le vin est le plus abouti de la série, très gourmand et déjà très équilibré. On n'a déjà presque plus l'impression de goûter des vins en cours d'élevage.
Peut-être est-ce la chose à retenir du millésime 2013 : une année de vins de plaisir qui se dégusteront bien jeunes. Comme chaque année, chacun y trouvera ses pépites.
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