Comme toujours, les dégustations innombrables qui
constituent la Campagne des Primeurs à Bordeaux viennent tordre le cou à
quelques clichés et autres généralités sur le millésime à venir. Certes, 2013
n'a pas l'uniformité de réussite des 2009 et 2010, grandes années dans des
styles différents. Les difficultés liées au climat multiplient l'hétérogénéité
des produits obtenus car les décisions qu'elles imposent à chaque vigneron
sont autant de prises de risque. Millésime hétérogène, certes, et comme nous le
disions ici, des styles et des options qui font la différence en terme
d'équilibre entre le fruit et les tanins du bois. Mais c'est un millésime plaisir,
avec des vins qui se dégustent bien dans leur jeunesse, ce qui répond finalement à
l'attente de beaucoup de dégustateurs.
Vendredi dernier, les vins de Listrac-Médoc s'étaient installés dans le restaurant gastronomique Le Chapon Fin avec son étonnant décor de Rocaille signé Alfred Duprat (1901). 14 propriétés étaient présentes et l'on a dégusté le nouveau millésime, mais aussi un ou deux millésimes dits "livrables" (2010, 2011...)
Cette petite AOC du Médoc créée en 1957 est
cultivée sur presque 700 hectares et 1/3 de la production est vinifiée par la
Cave Coopérative Grand Listrac. Sur ces terres de Cabernet Sauvignon,
Listrac-Médoc se distingue par une forte présence de Merlot. on s'attend donc à
des vins gourmands et charmeurs.
C'est le cas du Château Saransot-Dupré, Cru
Bourgeois de couleur framboise qui s'avère très frais avec en bouche des notes
de fruit acidulé et une belle texture veloutée. Le 2010 est également à
déguster, très classique de l'appellation, le nez est puissant, cuir et fruits
noirs et toujours ce toucher très agréable. Belle longueur en bouche avec
de fines notes de cassis et de chocolat. Une bonne découverte.
Chez nos partenaires du Château Fourcas Hosten,
le vin primeur est un peu plus marqué par l'élevage mais on retrouve le style
de la maison : un assemblage équilibré de Merlot et de Cabernet qui donne à la
fois de la puissance mais aussi de la rondeur, à l'instar du 2010, fumé,
puissant mais velouté qui se déguste admirablement.
Sur ce même millésime, on a un coup de cœur pour
le Château Mayne Lalande, puissant et épicé mais frais au nez avec des arômes
serrés de fruits noirs, de raisin. Les épices persistent en bouche. Très joli
vin.
Sur 2013, Château Baudan a joué la carte de la
fraîcheur et propose un vin souple, léger et fin. Leur 2011 a un nez gourmand
et une jolie longueur en bouche, légèrement cendré et très séduisant.
Sur 2011 également, le Château Fonréaud est un
peu dans ce style, bel équilibre entre le fruit et les notes vanillées des
fûts.
Pour être tout à fait franc, on apprécie que les
vins primeurs soient accompagnés de millésimes plus anciens. La dégustation des
rouges en primeur est un exercice compliqué. Les 2009, 2010 et 2011 nous
permettent d'affiner notre perception de chaque propriété. Bel accueil en tout
cas de la part de la "petite" appellation médocaine.
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